Regards sur la Beauté – L’art, reflet du divin (3/5)
Dans le cadre du festival IL EST UNE FOI , proposé par l’Église catholique romaine – Genève, Geoffroy de Clavière, délégué général du festival et instigateur de ces rendez-vous, a été invité par la RTS pour l’émission Hautes fréquences de Gabrielle Desarzens, à écrire une série de chroniques radiophoniques sur le thème de la Beauté.
Cette troisième chronique de Geoffroy de Clavière explore la Beauté à travers le prisme de l’art. Peinture, cinéma, poésie : autant de formes sensibles qui ouvrent une voie spirituelle vers l’essentiel. Une méditation qui célèbre le rôle de la création artistique comme lieu de résistance intérieure et de révélation du sacré.
Chronique 3: la beauté au travers de l’art
Et l’art, dans tout ce fatras, me direz-vous ? Oui, bien sûr : l’art est l’expression de ce sentiment, cette réalité, cette quête qu’est le Beau, quel que soit la démarche de l’artiste. Et qui mieux qu’Andreï Tarkovski, avec Andreï Roublev, peut-être le plus grand film du plus grand cinéaste du 20e siècle, pour peindre la Beauté qui rend gloire au créateur alors qu’il est confronté aux mensonges, à la trahison, à la souffrance et à la mort, et surtout à un pouvoir qui s’approprie le religieux pour maintenir le peuple dans un état de peur permanente, déjà au 14e siècle.
La peur ne serait-elle pas le pire ennemi de la Beauté, qui en constitue la seule et l’unique résistance ? Andreï Roublev est le peintre de l’icône de la Trinité. Le film pose des questions sur l’essence de l’art et le sens de la foi. Roublev est à la recherche de réponses à une époque où la dimension spirituelle de la création et de la vie semble s’être perdue. En huit tableaux, d’une Beauté à couper le souffle, Tarkovski affirme l’indépendance farouche de la foi et de la création face au pouvoir.
Mais si l’on parle d’art, comment ne pas invoquer la poésie ? Le poète, n’est-il pas le plus libre, le plus pur des artistes ? C’est en tout cas ce qu’affirmait Cioran. Pour illustrer cette courte réflexion sur l’art, je vous livre le texte de conclusion de la Conférence inaugurale « Beauté vitale, un si grand besoin de consolation » par Marie Cénec, membre du comité cinéma d’Il est une Foi :
Je suis la beauté frémissant à travers vos vitraux,
Je suis lumière
Par les chants qui s’élèvent au ventre de vos cathédrales
Je me fais vibrante au cœur des corps et des voix et des silences qui permettent de reprendre souffle
Je suis à l’aguet d’un regard ouvert, d’un cœur conscient, d’un désir d‘enfant gourmand du monde.
Je m’offre alors sans retenue.
Je me moque des modes et des standards, je me ris de qui veut m’emprisonner… je ne suis que donnée.
Je me fais insaisissable dans la fulgurance d’une émotion, j’échappe même au langage.
Jamais je ne serai captive…
Infiniment offerte à vos yeux à vos sens, tremblant de ne pas être vue, trop souvent naufragée sur la terre de vos fatigues blasées….
Je suis fille de l’émerveillement
Je suis mère de l’espérance
Je suis bien plus que ce que vous voyez,
je suis l’éclat premier,
la pulsation du cœur de Dieu.
Beauté vitale, miroir de la grâce :
Je console les visages enlarmés
et brûle les chagrins de vos âmes
dans l’éblouissement saisissant d’une étreinte de lumière.
SD&C