COMPRENDRE LA MESSE – LE CREDO
CHAPITRE 10 – A la messe, après avoir écouté la Parole de Dieu, nous arrivons à la grande profession de foi de l’Église : le Credo. C’est en quelque sorte notre réponse à cette Parole : nous croyons, nous adhérons de tout notre coeur à ce Dieu qui nous a parlé, explique l’abbé Pascal Desthieux dans le 10e chapitre de son livre « Comprendre la Messe ».
Le credo, profession de foi de l’Eglise
Proclamé le dimanche, jour de la résurrection, le Credo nous relie à notre baptême, où nous avons été plongés avec le Christ dans sa mort pour avoir part à sa résurrection.
Il y a en effet deux formulations du Credo, que nous appelons symboles, selon le sens ancien de ce mot : une formule permettant de reconnaître ce qui est partagé par tous.
Le premier, appelé communément Symbole des Apôtres, est plus bref et remonte aux premiers temps de l’Église. Le second, plus élaboré, est un texte dogmatique issu des Conciles oecuméniques de Nicée (325) et de Constantinople (381).
Je crois en Dieu le Père tout-puissant
« Je crois en Dieu le Père. » Dieu est Père. C’est Jésus qui nous révèle la véritable paternité de Dieu et qu’il y a une relation père-fils en Dieu. Il nous entraîne dans cette filiation, nous donnant de devenir, à sa suite, les fils et filles bien-aimés du Père.
« Le Père tout-puissant. » Ce terme sonne mal à nos oreilles, évoquant une domination opprimante. Pourquoi ne pas énumérer d’autres attributs de Dieu comme sa bonté, sa miséricorde, et avant tout l’Amour ? Il nous faut bien comprendre cette toute-puissance de Dieu : elle est universelle, car Dieu a tout créé, et aimante, car il prend soin de nous tous. Cette toute-puissance ne s’exprime pas comme on l’attendrait. Respectueux de notre liberté, Dieu n’empêche pas le mal, mais sa puissance s’exprime dans sa capacité à transformer un mal en un bien plus grand.
« Créateur du ciel et de la terre. » Notre foi en un Dieu créateur reprend les premiers mots de la Bible: « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. » (Genèse 1, 1).
« De l’univers visible et invisible. » Cette expression désigne la globalité de la création, non seulement le monde que nous voyons, mais aussi les réalités invisibles, les créatures spirituelles, les anges qui entourent Dieu.
Et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur
« Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu. » C’est l’affirmation centrale de la foi chrétienne : cet homme, Jésus, qui a vécu en Palestine il y a 2000 ans, est le Christ, le Fils de Dieu, et Dieu lui-même.
Pourtant, cette divinité a été fortement contestée dans les premiers siècles déjà, notamment par l’arianisme qui a profondément divisé l’Église. Pour rétablir l’unité, l’empereur Constantin convoqua un Concile à Nicée en 325 qui condamna la doctrine d’Arius et adopta une première formulation de la foi chrétienne, qui deviendra le Credo. Le Concile affirma solennellement la divinité du Christ : de même nature que le Père, il est consubstantiel au Père, c’est-à-dire de la même substance divine.
Les conciles
Le Concile de Constantinople en 381 formula clairement la divinité du Christ telle que nous la proclamons dans le Credo : « Il est Dieu, né de Dieu, lumière, né de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu. Engendré non pas créé, consubstantiel au Père ; et par lui tout a été fait. » Comment comprendre cette formule ? L’engendrement décrit cette relation de paternité et de filiation qu’il y a en Dieu. Mais contrairement à nous qui, au moment de notre engendrement par nos parents, avons été créés (car nous n’existions pas avant, si ce n’est dans le projet d’amour de Dieu), le Christ, engendré, c’est-à-dire Fils du Père, n’a pas été créé, car il est Dieu et il existait auprès du Père depuis toujours.
« Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel. » C’est pour nous que le Christ s’est fait homme, pour nous sauver, pour nous faire participer à sa vie divine.
« Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme. » C’est le coeur de la foi chrétienne : Dieu s’est fait homme.
« Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. » Jésus fait librement don de sa vie pour chacun de nous. Le Symbole des Apôtres ajoute que le Christ « est descendu aux enfers ». Que veut dire cette expression ? Le Christ est-il allé en enfer ? Dans la Bible, comme chez les Grecs, les enfers désignent le séjour des morts, Jésus, réellement mort, y est descendu, mais en Sauveur afin de délivrer tous les justes qui attendaient leur Libérateur.
© Hélène VDB
« Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures, et il monta au ciel ; il est assis à la droite du Père. » La résurrection est également au coeur de la foi chrétienne. Si le Christ n’est pas ressuscité, dira saint Paul, notre foi ne vaut plus rien et « nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes ». (Cf. 1 Corinthiens 15, 17-19)
« Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts ; et son règne n’aura pas de fin. » C’est la parousie – mot qui signifie « présence » ou « arrivée » – du Christ dont nous attendons le retour, comme nous le chantons dans l’anamnèse : « Nous attendons ta venue dans la gloire. »
Je crois en l’Esprit Saint
Dans la troisième partie du Credo, nous affirmons notre foi en l’Esprit Saint qui est à l’oeuvre dans l’Église. Pendant les premiers siècles du christianisme, la divinité de l’Esprit Saint a aussi été remise en cause. Une doctrine douteuse insinuait qu’il ne serait qu’une créature de Dieu, un ange amélioré. Les réponses théologiques de saint Basile de Césarée et de saint Grégoire de Nazianze ont permis l’élaboration du Credo de Nicée-Constantinople.
« Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie. » Nous confessons que l’Esprit est Saint par nature.
« Il procède du Père et du Fils. » Du latin procedere, « venir en avant », « provenir », « tirer son origine de ».
« Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire. » Partageant la même divinité, l’Esprit Saint est glorifié et adoré comme le Père et le Fils.
« Il a parlé par les prophètes. » L’Esprit Saint ne parle pas directement, mais il fait parler, il inspire les prophètes et les saints de chaque époque. Aujourd’hui encore, il habite en nos coeurs, au plus intime de nous-mêmes, nous unit au Christ et nous conduit vers le Père.
Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique
« Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique ». Pensons-nous vraiment ce que nous proclamons ? Nous disons que l’Église est une, et pourtant elle est profondément divisée. Nous affirmons qu’elle est sainte, mais les abus commis par des membres de l’Église prouvent le contraire…
C’est le paradoxe de l’Église : elle est à la fois sainte et pécheresse, toute spirituelle et tellement humaine. « L’Église est une », car elle est le Corps du Christ qui ne peut être divisé. « L’Église est sainte », car elle est unie au Christ saint qui la sanctifie. « L’Église est catholique ». Catholique signifie « universel » dans le sens de « selon la totalité » ou « selon l’intégralité ». Pour éviter tout malentendu oecuménique, il faut préciser que ce terme dépasse largement les frontières de l’Église catholique romaine. L’Église est catholique, parce qu’en elle le Christ est présent et parce qu’il l’envoie en mission à tous les peuples. « L’Église est apostolique », car elle est fondée sur les apôtres, témoins choisis et envoyés par le Christ lui-même.
« Je crois en la communion des saints ». L’Église est aussi formée de celles et ceux qui nous ont précédés, des bienheureux du Ciel qui intercèdent pour nous et des défunts pour lesquels nous prions.
Je crois à la résurrection de la chair et à la vie éternelle
« Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés. » Le baptême est le premier et le principal sacrement du pardon des péchés, parce qu’il nous unit au Christ mort pour nos péchés et ressuscité pour notre justification, afin que « nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle » (Romains 6, 4).
« J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir. » Dans le Symbole des Apôtres, nous précisons que nous croyons à la résurrection de la chair, c’est-à-dire que nos corps reprendront vie. Rassurez-vous, ce seront des corps glorieux.
Ressuscités, nous entrons dans la vie éternelle qui nous fait participer à la vie même de Dieu et entrer dans l’échange amoureux des Trois Personnes divines.
Texte d’après le livre de l’abbé Pascal Desthieux « Au coeur de la messe Tout savoir sur la célébration » (Ed. Saint Augustin). Extraits librement résumés.
Les chapitres précédents sont disponibles ICI
image: comprendre la messe: le credo Fred de Noyelle / GODONG