CHAPITRE 6 – Saviez – vous qu’en hébreux le mot gloire, kâbod, signifie littéralement « poids » ? Ainsi est digne de louange que ce qui a du poids, de la consistance et donc Dieu qui seul donne du poids, de la densité à ce qui existe. Le sixième chapitre du livre de l’abbé Pascal Desthieux « Au coeur de la messe Tout savoir sur la célébration » (Ed. Saint Augustin) explique le sens et les origines de l’hymne du Gloria que nous chantons à la messe après le rite pénitentiel, les dimanches et jours de fêtes
L’hymne du Gloria – au féminin car un hymne au masculin est un chant national ou guerrier ! – est « un chant de louange, un cri de joie du peuple de Dieu rassemblé ».
Il s’agit d’un chant de louange écrit originellement en grec, et dont la traduction latine commence par le mot Gloria.
« Le Gloria comporte un aspect solennel : on ne le chante que le dimanche et les jours de fête. En revanche, nous nous abstenons de le chanter lors des dimanches de l’Avent et du Carême. Pourquoi ? Pour vivre un temps de « privation » qui nous permettra de faire vibrer avec plus de solennité l’acclamation des anges dans la nuit de Noël et la proclamation de la résurrection lors de la Vigile pascale ».
Avec cette hymne, , nous nous unissons au chant des anges dans la nuit de Noël : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime » (Luc 2, 13-14) et nous acclamons à notre tour cette naissance qui est à l’origine de notre salut.
Cette hymne très ancienne – elle remonte au IIIe siècle – était, à l’origine, une prière du matin, une prière de louange au début d’un jour nouveau. Peu à peu, elle a été introduite dans la liturgie eucharistique.
Cette hymne s’adresse au Père, puis au Fils et se termine en mentionnant le Saint-Esprit. Nous pouvons distinguer quatre parties :
« Gloire à Dieu » : les anges chantent la gloire de Dieu, c’est-à-dire reconnaissent qu’Il est Dieu et qu’Il est la source de toute sainteté.
« Au plus haut des cieux » traduit le latin in excelsis. Le Gloria nous fait accéder à une réalité très élevée, bien au-delà des contingences matérielles dont la pesanteur nous ramène toujours plus bas. Plus encore, nous sommes associés à la prière de ceux qui sont « aux cieux » ; le ciel et la terre s’unissent dans la louange.
« Et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime » la paix de Dieu, annoncée par les anges la nuit de Noël, est pour tous les hommes, ainsi le Gloria est une confession de l’amour de Dieu pour toute l’humanité.
Suit comme un « déferlement » de louanges adressées au Père : « Nous te louons, nous te bénissons, nous t’adorons, nous te glorifions, nous te rendons grâce pour ton immense gloire. » L’emploi du nous en fait une prière communautaire. Veillons à ne pas réciter ces verbes trop rapidement : ils ont chacun leur signification et leur portée.
Ensuite, nous nommons celui que nous acclamons par ces trois dénominations : « Seigneur Dieu, Roi du ciel, Dieu le Père tout-puissant. »
©Hélène VDB
Nous nous tournons alors vers le Fils, en commençant également par une série d’appellations : « Seigneur, Fils unique, Jésus-Christ ; Seigneur Dieu, Agneau de Dieu, le Fils du Père. »
Ayant proclamé que le Christ est celui qui « enlève les péchés du monde », et qu’il est « assis à la droite du Père », nous reconnaissons que nous avons besoin de lui, et formulons des prières très simples : « prends pitié de nous et reçois notre prière ». Rien à voir avec la « pitié » condescendante… Nous reprenons la prière du publicain, « Seigneur, prends pitié du pécheur que je suis », que Jésus donne en exemple. Et nous lui demandons de « recevoir notre prière », tout ce qui nous tient à coeur et que nous lui confions.
L’hymne se poursuit avec la louange au Christ : « Car toi seul es saint, toi seul es Seigneur, toi seul es le Très-Haut, Jésus-Christ. » Nous reconnaissons que Jésus partage la divinité et la sainteté du Père, que nous chanterons au cours de la messe dans le Sanctus.
Nous terminons cette hymne en reliant le Christ au Saint-Esprit et au Père : « Avec le Saint-Esprit, dans la gloire de Dieu le Père. Amen. » C’est donc toute la Trinité que nous louons et glorifions.
Dieu n’a pas « besoin » que nous chantions ses louanges ! Mais Dieu sait bien que la grandeur de l’homme consiste précisément à acclamer celle de Dieu, à s’ouvrir au rayonnement de sa gloire. Ainsi, il importe que le Gloria soit un chant joyeux !
Une petite citation pour conclure: « Chanter avec enthousiasme un Gloire à Dieu en compagnie d’autres chrétiens ne peut être que réjouissant et réconfortant. Chanter de bon coeur le Gloire à Dieu aide à être heureux ». (Jean-Yves Garneau, Découvrir l’Eucharistie, 1987, p. 32)
Texte d’après le livre de l’abbé Pascal Desthieux Au coeur de la messe Tout savoir sur la célébration (Ed. Saint Augustin). Extraits librement résumés.
Les chapitres précédents sont disponibles ICI
SD&C-ECR, avril 2025
image: Godong –