
COMPRENDRE LA MESSE – LA PRIÈRE EUCHARISTIQUE
CHAPITRE 13 – La grande prière eucharistique est « la plus haute et la plus solennelle de toute les prières, car elle réalise la présence sacramentelle du Christ », écrit l’abbé Pascal Desthieux dans le 13e chapitre du livre « Au cœur de la messe – Tout savoir sur la célébration » (Editions Saint Augustin). Après la présentation des dons, c’est une prière d’action de grâce qui commence par un dialogue, une louange appelée préface, et le chant du Sanctus. « Participons pleinement et activement à la prière eucharistique. Que le chant du Sanctus soit une joyeuse action de grâce qui jaillit de notre cœur », exhorte l’auteur.
La prière eucharistique
Partie la plus longue de la messe, la prière eucharistique est souvent perçue comme un monologue du prêtre ; pourtant c’est bien l’action de toute l’assemblée. Le prêtre s’exprime au nom de tous et parle toujours à la première personne du pluriel : « Nous te présentons, nous t’offrons… »
La prière eucharistique est une action
C’est d’abord l’action de Jésus qui, lors du dernier repas, prit le pain (présentation des dons), rendit grâce (prière eucharistique), le rompit (fraction du pain) et le donna (communion). C’est aussi l’action de toute l’assemblée, qui s’unit à l’offrande du Christ et rend grâce avec lui et pour lui.
Le prêtre ne s’adresse pas aux fidèles, mais à Dieu le Père au nom de l’assemblée. Cette prière s’enracine dans la liturgie juive et des prières chrétiennes très anciennes.
Le dialogue de la préface

© Hélène VDB
La prière eucharistique commence par le dialogue le plus important de la messe ; nous le trouvons dans toutes les liturgies chrétiennes depuis la plus haute antiquité.
« – Le Seigneur soit avec vous !
– Et avec votre esprit.»
Ces deux premières répliques nous sont déjà connues. Elles figurent tout au début de la célébration, et avant la lecture de l’Évangile. Rappelons qu’il s’agit d’une bénédiction et d’une reconnaissance des dons de chacun. Ce premier dialogue annonce toujours un moment essentiel: ce que nous allons vivre est important.
« – Élevons notre cœur!
– Nous le tournons vers le Seigneur.»
Cette invitation nous vient du livre des Lamentations : «Élevons notre cœur et nos mains vers le Dieu qui est au ciel. » (3, 41) Il s’agit d’un mouvement de conversion: les croyants sont invités à abandonner leurs soucis, préoccupations et attachements pour se mettre en quelque sorte « à la bonne hauteur ». Par sa réponse, l’assemblée manifeste qu’elle adhère à cet appel du célébrant et qu’elle veut tourner son cœur vers le Seigneur.
Juste et bon
La prière se pursuit:
« – Rendons grâce au Seigneur notre Dieu!
– Cela est juste et bon.»
Le célébrant invite les fidèles à entrer dans la grande prière d’action de grâce. Nous pourrions remplacer « rendons grâce » par « célébrons l’Eucharistie » pour le Seigneur notre Dieu! À cette invitation, l’assemblée donne son accord en répondant: « Cela est juste et bon ».
Être juste, c’est donner ou rendre à chacun ce à quoi il a droit en fait de biens matériels ou spirituels, de richesses ou d’honneur. À l’égard de Dieu, la justice consiste à reconnaître ce qu’Il est : Créateur et Rédempteur. En français, on ajoute que cela est « bon », agréable, réjouissant. Nous sommes heureux de rendre grâce à Dieu.
La préface
Le prêtre poursuit en repartant de la réponse des fidèles : «Vraiment il est juste et bon, pour ta gloire et notre salut, de t’offrir notre action de grâce… ». La préface est le début de l’action de grâce adressée au Père. Elle comporte trois parties :
1-Reconnaissance de la louange due au Père
«Vraiment, il est juste et bon, pour ta gloire et notre salut, de t’offrir notre action de grâce, toujours et en tout lieu, Seigneur, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant.» Les premiers mots ont leur origine dans les formules de piété juive.64 La préface reprend cette action de grâce avec beaucoup de lyrisme et commence également par vraiment: cela est vrai.
2-Motifs particuliers d’action de grâce
Après le préambule vient une deuxième partie qui varie selon la fête, le temps liturgique ou encore l’événement qui concerne l’Église locale, comme un mariage, une ordination, une messe de funérailles ; nous en avons un peu plus d’une centaine dans le Missel*.
Ces préfaces sont des joyaux : le sens profond de la fête célébrée y est déployé en quelques mots. Voici, à titre d’exemple, la deuxième préface de Pâques : «Grâce à lui [le Christ] se lèvent des enfants de lumière pour une vie éternelle, et les portes du royaume des Cieux s’ouvrent pour accueillir les croyants. Car sa mort nous affranchit de la mort, et dans sa résurrection, chacun de nous est déjà ressuscité.»
3-Introduction au Sanctus
La préface conduit par la suite au Sanctus par une nouvelle formule qui connaît quelques légères variantes : «C’est pourquoi, avec les anges et les archanges, avec les puissances d’en haut et tous les esprits bienheureux, nous chantons l’hymne de ta gloire et sans fin nous proclamons.»
La louange de l’Église, au commencement de la grande prière eucharistique, rejoint celle des anges et des saints dans la gloire de Dieu.
Le chant du Sanctus
La première partie du Sanctus est directement inspirée de l’Ancien Testament, notamment du récit de la vocation du prophète Isaïe (6,1-3)
« Saint, Saint, Saint, le Seigneur, Dieu de l’univers ! Le ciel et la terre sont remplis de sa gloire. »
Saint, kadosh en hébreu, désigne littéralement ce qui est « séparé », «différent », « autre ». Nous chantons la grandeur de Dieu, le Tout-Autre. Ce début du Sanctus est attesté dès la fin du IVe siècle. La suite apparaît avant le VIe siècle : «Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux.»
Hosanna– Nous reconnaissons l’acclamation adressée à Jésus lors de son entrée messianique à Jérusalem, le jour des Rameaux : « Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient: “Hosanna au fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! ” » (Matthieu 21, 9). En hébreu, « donne le salut » se dit: hoshiah’na’ .
« Au plus haut des cieux » est un hébraïsme. Il faut comprendre : « Hosanna à Dieu qui habite au plus haut des cieux. » Nous reconnaissons l’infinie grandeur de Dieu.
Par le chant du Sanctus, nous célébrons ainsi la gloire de Dieu avec les anges, dans une ambiance de grande fête. Les liturgistes demandent donc que cette acclamation soit chantée par toute l’assemblée, avec force et joie.
Texte d’après le livre de l’abbé Pascal Desthieux « Au coeur de la messe Tout savoir sur la célébration » (Ed. Saint Augustin). Extraits librement résumés.
Les chapitres précédents sont disponibles ICI
SD&C- ECR, septembre 2025
© Hélène VDB
