
Comprendre la messe : Il est grand, le mystère de la foi !
CHAPITRE 15 -Après la consécration, nous acclamons le Christ qui est présent sous les apparences du pain et du vin devenus son Corps et son Sang. C’est l’anamnèse, explique écrit l’abbé Pascal Desthieux dans son livre « Au cœur de la messe – Tout savoir sur la célébration » (Editions Saint Augustin). Suivra la deuxième épiclèse, invocation de l’Esprit Saint sur l’assemblée.
L’anamnèse, faire mémoire
Anamnèse vient du grec anamnèse qui signifie « souvenir ». « Faire mémoire » au sens biblique, ce n’est pas seulement commémorer un fait historique, c’est aussi célébrer un événement passé qui a une répercussion sur ce que nous vivons aujourd’hui.
Quand nous faisons mémoire du Christ qui a dit « ceci est mon Corps », il ne s’agit pas d’un simple souvenir. Le pain devient le Corps du Christ et nous pouvons nous en nourrir aujourd’hui.
Approfondissons cette acclamation que l’on trouve dans certaines liturgies d’Orient, mais qui n’a été introduite chez nous qu’à la réforme liturgique après Vatican II*.

© Hélène VDB
L’invitation du prêtre
L’anamnèse commence par l’invitation du prêtre : »Il est grand, le mystère de la foi » ou « Acclamons le mystère de la foi « ou encore « Qu’il soit loué, le mystère de la foi. »
Précisons que le terme « mystère » n’a rien à voir avec « mystérieux », au sens d’occulte, de bizarre. Dans la liturgie de l’Eucharistie, nous célébrons le mystère pascal. Le prêtre invite l’assemblé à acclamer le Christ mort, ressuscité, glorifié, vivant et présent au milieu de nous. Et puisque le pain et le vin gardent les mêmes apparences, c’est par la foi que nous reconnaissons et acclamons ce grand mystère.
L’anamnèse de l’assemblée
Dans la première formule, l’assemblée répond : « Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire ».
Nous acclamons le mystère de la foi dans cette triple dimension temporelle, passé, présent et futur
Dans la deuxième acclamation, l’assemblée chante ou dit: « Quand nous mangeons ce Pain et buvons à cette Coupe, nous annonçons ta mort, Seigneur ressuscité, et nous attendons que tu viennes. »
Cette réponse s’inspire directement de la phrase que saint Paul ajoute au récit du dernier repas : « Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. » (1 Corinthiens 11, 26)
La troisième anamnèse du Missel en latin n’avait jamais été traduite en français. C’est chose faite dans la nouvelle édition. À l’invitation du prêtre : « Qu’il soit loué, le mystère de la foi », l’assemblée répond : « Sauveur du monde, sauve-nous ! Par ta croix et ta résurrection, tu nous as libérés. » Cette anamnèse met l’accent sur le salut offert par le Christ, mentionné à de nombreuses reprises dans le Nouveau Testament.
Comme les francophones étaient habitués à une autre formule, également belle et fondée sur les textes bibliques, il a été permis de la conserver, en quatrième acclamation :« Gloire à toi qui étais mort, gloire à toi qui es vivant, notre Seigneur et notre Dieu : viens, Seigneur Jésus ! »
Ces derniers mots sont inspirés de l’avant-dernier verset de la Bible : « Celui qui témoigne de tout cela déclare : “Oui, je viens sans tarder. ” Amen! Viens, Seigneur Jésus ! » (Apocalypse 22, 20)
Remarquons que ces acclamations s’adressent directement au Christ, ce qui est rare dans la liturgie.
L’anamnèse du prêtre et la prière d’offrande
Le prêtre continue en reprenant l’anamnèse de l’assemblée : il mentionne également notre mémorial de la mort, de la résurrection et de l’attente du retour glorieux du Christ.
Cette anamnèse aboutit à une prière d’offrande et d’action de grâce.
« En faisant ainsi mémoire de ton Fils, de sa passion qui nous sauve, de sa glorieuse résurrection et de son ascension dans le ciel, alors que nous attendons son dernier avènement, nous t’offrons, Seigneur, en action de grâce, ce sacrifice vivant et saint. » (III)
Cette offrande, c’est le Christ vivant et saint que nous offrons au Père pour lui rendre grâce, et nous reconnaissons qu’il « s’est offert lui-même en sacrifice pour réconcilier l’humanité » avec Dieu (Réconciliation I) et que ce sacrifice « sauve le monde entier » (IV). Certaines prières soulignent que nous nous offrons avec le Christ : « En faisant ainsi mémoire de la mort et de la résurrection de ton Fils, qui nous a laissé un tel gage de son amour, nous te présentons cette offrande qui vient de toi, le sacrifice de la parfaite réconciliation. Père très saint, nous t’en supplions, accueille-nous avec ton Fils. » (Réconciliation II)
La seconde épiclèse
Cette prière d’offrande et d’action de grâce introduit une nouvelle épiclèse, prière : nous invoquons l’Esprit Saint, cette fois sur l’assemblée, pour qu’elle puisse bénéficier pleinement de ce qui vient de se réaliser. Par le don de l’Esprit, nous demandons d’être constitués en un seul corps, nous qui allons recevoir le même Corps du Christ : « Humblement, nous te demandons qu’en ayant part au Corps et au Sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps.» (II)
Cette prière et les autres prières eucharistiques pour la réconciliation insistent sur l’action de l’Esprit Saint qui fait disparaître les causes de nos divisions.
En résumé, lors de la messe nous faisons ici mémoire de tout ce que Dieu a fait et continue de faire pour nous, et invoquons de tout notre cœur le don de l’Esprit Saint sur l’assemblée et sur toute l’Église.
Texte d’après le livre de l’abbé Pascal Desthieux « Au cœur de la messe Tout savoir sur la célébration » (Ed. Saint Augustin). Extraits librement résumés.
Les chapitres précédents sont disponibles ICI
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