
COMPRENDRE LA MESSE – SANCTIFIE CES OFFRANDES PAR TON ESPRIT
CHAPITRE 14 – Après le Sanctus, le célébrant invoque la venue de l’Esprit Saint sur le pain et le vin pour qu’ils deviennent le Corps et le Sang du Christ. Cet admirable échange – écrit l’abbé Pascal Desthieux dans son livre « Au cœur de la messe – Tout savoir sur la célébration » (Editions Saint Augustin)– va se produire en revivant le dernier repas du Christ, en refaisant ses gestes et en redisant ses paroles : « Ceci est mon Corps livré pour vous ; ceci est mon Sang versé pour vous ; vous ferez cela en mémoire de moi. »
L’épiclèse et la consécration – Un choix de prières eucharistiques
Le Missel propose une dizaine de prières eucharistiques, mais trop souvent, les célébrants ne choisissent que la deuxième prière eucharistique, la plus courte, et éventuellement la troisième. Il est dommage de ne pas bénéficier de la richesse et de la variété des dix (ou treize) prières que la liturgie met à notre disposition. La quatrième prière par exemple est une magnifique composition récente, proche des prières des chrétiens d’Orient, qui développe toute l’œuvre du salut depuis la création, en passant par l’Alliance du temps de Moïse, puis des prophètes, pour arriver à la Nouvelle Alliance dans le Christ.
La première épiclèse – Du Sanctus à l’épiclèse
Le célébrant reprend l’acclamation du Sanctus qui vient d’être chantée en réaffirmant la sainteté de Dieu, avant de lui demander de répandre son Esprit Saint sur le pain et le vin.
Qu’est-ce que l’épiclèse ? Le mot signifie littéralement « appel sur » (epi, « sur », klèsis du verbe kaleo, « appeler ») et c’est une « invocation ». Dans la prière eucharistique, il y a deux épiclèses. La première est l’appel de l’Esprit sur le pain et le vin afin qu’ils deviennent Corps et Sang du Christ ; la deuxième est l’appel de l’Esprit sur la communauté afin qu’elle soit sanctifiée par la communion au Corps et au Sang du Christ.
Rien ne s’accomplit sans l’Esprit Saint
« Autrefois, il avait fallu l’Esprit Saint pour que le Christ prenne chair dans le sein de la Vierge Marie. Aujourd’hui, il faut encore la force de l’Esprit Saint pour que le pain devienne le corps du Christ ressuscité et le vin, son sang. Il faut aussi la présence et la force de l’Esprit Saint pour que nous tous, qui sommes réunis pour l’Eucharistie, nous devenions le corps du Christ ! Partout où quelque chose de grand s’accomplit au nom de Dieu, l’Esprit est là. Rien ne s’accomplit sans Lui. Avec Lui, tout devient possible. Ce que touche l’Esprit se trouve consacré, sanctifié. »
Jean-Yves Garneau, Découvrir l’Eucharistie, 1987, pp. 101-102.
L’invocation de l’Esprit Saint sur les offrandes

© Hélène VDB
Nous demandons donc au Père de répandre son Esprit sur les offrandes (II), de les sanctifier :
« C’est pourquoi nous te supplions, Seigneur, de consacrer toi-même les offrandes que nous apportons : Sanctifie-les par ton Esprit pour qu’elles deviennent le Corps et le Sang de ton Fils, Jésus Christ, notre Seigneur, qui nous a dit de célébrer ce mystère. »
Cette première épiclèse signifie clairement que la transsubstantiation (changement de substance du pain qui devient le Corps du Christ et du vin qui devient son Sang) s’opère par la puissance de l’Esprit Saint. En prononçant les paroles de l’épiclèse, le prêtre impose les mains sur les offrandes pour invoquer l’Esprit Saint, puis il trace un signe de croix sur elles. Nous pouvons nous mettre à genoux en signe de vénération.
Les paroles de l’institution
L’institution de l’Eucharistie lors de la Dernière Cène nous est rapportée par les trois Évangiles synoptiques ainsi que par saint Paul. A la messe, nous reprenons le récit du dernier repas, avec les paroles du Christ.
>Ces paroles sont accompagnées de quatre gestes qui en éclairent le sens : il prend le pain, le bénit, le rompt, et le donne à ses disciples. Nous revivons ces quatre gestes au cours de la messe en prenant le pain à l’offertoire, en bénissant Dieu lors de la prière eucharistique, en rompant le pain pendant le chant de la fraction et en le donnant par la communion.
« La nuit même où il fut livré, il prit le pain, en te rendant grâce il dit la bénédiction, il rompit le pain, et le donna à ses disciples, en disant : “ Prenez, et mangez-en tous : ceci est mon Corps livré pour vous.” »
« Il dit la bénédiction » : cette précision de la nouvelle édition du Missel renvoie aux prières juives de bénédiction que Jésus a prononcées sur le pain et sur le vin.
« Ceci est mon Corps livré pour vous »
Jésus dit bien ceci est mon Corps, et non pas ceci représente mon Corps. Parce qu’il est le Fils de Dieu, nous savons qu’il réalise ce qu’il dit. Désormais, même si nos sens ne perçoivent que du pain, nous croyons que ce pain est devenu réellement Corps du Christ.
« Mon Corps » désigne toute la personne de Jésus. C’est le Corps du Christ mort, ressuscité et glorifié que nous allons recevoir.
« Livré pour vous » : c’est pour nous que le Christ s’est livré, pour que nous ayons la vie, le salut. Nous sommes impliqués dans ce sacrifice.
« Prenez et mangez » : c’est un appel à recevoir, à prendre en nos mains, à ne pas rester de simples auditeurs. Ces paroles impliquent une relation, et plus encore, une habitation mutuelle du Christ en celui qui le reçoit et inversement : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui. » (Jean 6, 56)
Pendant la consécration, le prêtre parle au nom du Christ.
« Ceci est mon Sang versé pour vous »
Écoutons la suite du récit avec la consécration du vin : « De même, après le repas, il prit la coupe, en te rendant grâce il dit la bénédiction, et donna la coupe à ses disciples, en disant : “Prenez, et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon Sang, le Sang de l’Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. Vous ferez cela en mémoire de moi.” »
Le sang est celui de la Nouvelle Alliance, une Alliance définitive. Elle n’a plus besoin d’être renouvelée comme dans l’Ancien Testament. Il est versé pour nous et pour la multitude de tous les âges et de tous les temps. Il est versé « en rémission des péchés ». Le sacrifice du Christ, qui a pris toutes nos fautes sur lui, nous procure le pardon.
Jésus ajoute cette petite phrase qui donne pleinement sens à ce que nous célébrons : « Faites cela en mémoire de moi. » (Luc 22, 19)
Si nous nous rassemblons pour célébrer la messe, c’est d’abord pour répondre à cette invitation.
La solennité de ce grand moment
Nous comprenons bien la solennité de ce grand moment. Après la consécration, le prêtre montre à l’assemblée le pain devenu Corps du Christ et le vin devenu Sang du Christ. Nous pouvons brièvement adorer le Seigneur. Quand le prêtre élève l’hostie et le calice, un servant peut les encenser. Il est parfois de coutume de faire sonner une clochette ou d’actionner une cloche de l’église. Puis le célébrant fait une génuflexion en signe de reconnaissance et d’adoration de la présence du Christ.
Accueillons avec beaucoup de ferveur la présence du Christ dans le pain et le vin consacrés. Unissons-nous de cœur à la vénération du célébrant qui s’agenouille devant le Seigneur. Si nous ne pouvons pas être à genoux à ce moment-là, nous pouvons alors faire une inclination profonde.
Texte d’après le livre de l’abbé Pascal Desthieux « Au coeur de la messe Tout savoir sur la célébration » (Ed. Saint Augustin). Extraits librement résumés.
Les chapitres précédents sont disponibles ICI
image: Photo de Josh Applegate sur Unsplash
