
COMPRENDRE LA MESSE – SOUVIENS-TOI, SEIGNEUR…
Lors de la messe, après la consécration et l’épiclèse (invocation de l’Esprit Saint) sur l’assemblée, la prière eucharistique se poursuit par des intercessions qui manifestent la communion de l’Église, l’abbé Pascal Desthieux dans le chapitre 16 de son livre « Au cœur de la messe – Tout savoir sur la célébration » (Editions Saint Augustin). La prière eucharistique se terminera par la doxologie, une grande acclamation.
Les intercessions et la doxologie
Les intercessions manifestent notre profonde union avec toute l’Église, celle du ciel comme celle de la terre. Comme dans toute prière de bénédiction juive, la louange s’accompagne de demandes ; c’est ainsi que nous reconnaissons la grandeur de Dieu. Nous voulons lui confier nos défunts, l’Église et ceux qui la conduisent, tout ce qui nous tient à cœur.
La prière pour l’Église
Nous confions au Seigneur l’Église, Peuple de Dieu et Corps du Christ, et ceux qui ont reçu la mission de la gouverner. Toutes les prières eucharistiques font mention du pape et de l’évêque du diocèse où la messe est célébrée. Ce lien est important, car on ne peut célébrer valablement l’Eucharistie qu’en communion avec l’évêque, pasteur de l’Église locale – c’est de lui que le prêtre tire son sacerdoce – et avec l’évêque de Rome, successeur de saint Pierre, qui préside à la charité et est garant de la communion de toute l’Église.
Le Canon romain débute en demandant au Père d’accepter et de bénir les offrandes saintes, que nous présentons en premier lieu pour l’Église :
« Toi, Père très aimant, nous te prions et te supplions par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, d’accepter et de bénir ces dons, ces offrandes, sacrifice pur et saint, que nous te présentons avant tout pour ta sainte Église catholique : accorde-lui la paix et protège-la, daigne la rassembler dans l’unité et la gouverner par toute la terre; nous les présentons en union avec ton serviteur notre pape N., notre évêque N. et tous ceux qui gardent fidèlement la foi catholique reçue des Apôtres. »
Une prière magnifique

© Hélène VDB
Nous avons là une magnifique prière pour l’Église, nous demandons au Père de lui accorder la paix, de la protéger de tout mal, de la rassembler dans l’unité, et de la gouverner par toute la terre.
Pour manifester notre appartenance à cette Église que nous confions au Père, cette première prière eucharistique ajoute immédiatement : « Souviens-toi, Seigneur, de tes serviteurs (de N. et N.) et de tous ceux qui sont ici réunis, dont tu connais la foi et l’attachement. »
La formulation « Souviens-toi » pourrait donner l’impression que Dieu nous a oubliés : « Chéri, souviens-toi que c’est l’anniversaire de notre fille aujourd’hui… »
Non, Dieu n’est pas amnésique ! Cette belle expression, nous la rencontrons souvent dans la Bible ! C’est notre prière confiante en Dieu qui veille sur nous.
La troisième prière eucharistique apporte une belle note d’universalité : « Et maintenant, nous te supplions, Seigneur : par le sacrifice qui nous réconcilie avec toi, étends au monde entier le salut et la paix. Affermis ton Église, en pèlerinage sur la terre, dans la foi et la charité, en union avec ton serviteur notre pape N., et notre évêque N., l’ensemble des évêques, les prêtres, les diacres, et tout le peuple que tu as racheté. Écoute, en ta bonté, les prières de ta famille, que tu as voulu rassembler devant toi. Dans ta miséricorde, ramène à toi, Père très aimant, tous tes enfants dispersés. »
Nous demandons au Père que le sacrifice du Christ que nous réitérons produise ses effets de salut et de paix pour le monde entier.
La quatrième prière, après « le peuple entier qui t’appartient »ajoute : « tous ceux qui te cherchent avec droiture « . Le prêtre présente ensuite à Dieu la prière de chaque membre de l’assemblée, et prie pour que l’Église missionnaire puisse rassembler tous les enfants de Dieu.
La prière pour les défunts
Nous prions ensuite pour nos défunts, nos frères et sœurs « qui nous ont précédés » (I), « qui ont quitté ce monde » (III) et « se sont endormis dans l’espérance de la résurrection « (II). Pourquoi prier pour les défunts ? Parce que la messe est célébrée pour les vivants et pour les morts. En effet, à chaque messe, nous renouvelons le sacrifice du Christ sur la Croix, qui nous ouvre les portes du ciel et nous fait accéder à la gloire promise.
Notre communion avec les saints
Cette prière pour les défunts oriente notre regard vers l’Église du Ciel. Nous terminons ces intercessions en demandant au Seigneur d’avoir part à la communion des saints :
« Sur nous tous enfin, nous implorons ta bonté : permets qu’avec la Vierge Marie, la bienheureuse Mère de Dieu, avec saint Joseph, son époux, les Apôtres et tous les saints qui ont fait ta joie au long des âges, nous ayons part à la vie éternelle et que nous chantions ta louange et ta gloire, par ton Fils Jésus, le Christ. »
Nous nous confions à la bonté de Dieu pour que nous ayons part à la vie éternelle. Et, d’une manière plus lyrique, que nous puissions chanter la louange du Père par Jésus-Christ et avec tous les saints.
Les différentes prières eucharistiques décrivent admirablement la vie qui nous attend après notre « passage » par la mort et la résurrection. Et les saints que nous invoquons « ne cessent d’intercéder auprès de toi et nous assurent de ton secours. »
La doxologie
La prière eucharistique se termine par une grande acclamation. Doxologie vient du grec doxa signifiant « gloire » et logos, «parole ». Il s’agit donc d’une «parole de gloire », de paroles pour rendre gloire à Dieu:
« Par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles. »
La doxologie est le couronnement de la prière eucharistique, qui a pour but de rendre grâce à Dieu pour ses innombrables bienfaits.
L’élévation
En disant cette « parole de gloire », le prêtre élève le calice et la patène. Un geste magnifique d’offrande du Fils au Père dans l’Esprit Saint. Cette élévation renvoie directement à la croix sur laquelle le Christ a été élevé de terre pour sauver le monde, à sa résurrection. Puisque tout a été fait par le Christ, c’est toute la création que nous élevons vers le Père en offrant le Corps et le Sang de son Fils.
Amen
Les paroles de la doxologie ne sont prononcées que par le célébrant (et les prêtres concélébrants). Pourquoi? Parce qu’ elles sont inséparables de la prière eucharistique qui les a précédées. Mais les fidèles vont pouvoir exprimer leur pleine adhésion en disant ou en chantant « Amen ». Par ce simple mot, nous signifions notre accord avec ce qui vient de s’accomplir : nous reconnaissons que le pain et le vin sont devenus Corps et Sang du Christ. Nous faisons nôtres les louanges et les intercessions qui ont été prononcées par le célébrant.
« Amen ! Un mot exceptionnel. Nous l’utiliserons éternellement dans le ciel pour adorer le Père et rendre gloire au Fils et à l’Esprit. Nous nous y habituons, sur terre, en célébrant l’Eucharistie »*. Disons ou chantons bien fort cet Amen par lequel nous adhérons à tout ce qui vient d’être dit.
SD&C- ECR, novembre 2025
* Jean-Yves Garneau, Découvrir l’Eucharistie, 1987, pp. 119-120.
Texte d’après le livre de l’abbé Pascal Desthieux « Au cœur de la messe Tout savoir sur la célébration » (Ed. Saint Augustin). Extraits librement résumés.
Les chapitres précédents sont disponibles ICI
Photographe / Copyright : Catherine Leblanc / Godong
