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précarité - banc public pauvre

ETIENNE GRIEU, (RE)DÉCOUVRIR DIEU Á L’ÉCOLE DES PAUVRES

Le Pape François, souvent appelé le « Pape des pauvres », était connu pour sa grande attention aux plus démunis et son engagement à servir l’Église comme une « église pauvre  pour les pauvres« . Pour rendre hommage à son pontificat nous vous proposons l’entretien réalisé, avant le décès du pontife, avec P. Etienne Grieu sj.  Le professeur Étienne Grieu, théologien jésuite (Facultés Loyola Paris) était l’invité de la Faculté de théologie de Genève pour les cours de théologie catholique du semestre de printemps 2025, dans le cadre de l’accord signé entre la Faculté et l’Eglise catholique romaine – Genève (ECR). Thème du cours : Quelle interprétation théologique pour la vie fragmentée ? Ou comment revisiter des questions théologiques classiques à l’écoute des personnes marquées par la grande pauvreté. 

Ce printemps vous avez enseigné dans l’académie protestante fondée par Jean Calvin et Théodore de Bèze, premier recteur. À l’aise ?

Elisabeth Parmentier et Etienne Grieu dans la salle de cours ©ECR

Je n’y suis pas indifférent. En allant voir le mur des Réformés, je me suis demandé comment Calvin et Bèze réagiraient en sachant qu’un jésuite enseigne dans leur faculté ! Comme ils sont dans la lumière de Dieu, ça doit bien les faire rire. Plus sérieusement, je connais bien la professeur Elisabeth Parmentier, doyenne de la Faculté de théologie. Nous sommes ensemble au Groupe des Dombes. Nous partageons l’intérêt de travailler avec les autres Églises, dans une logique de ne jamais être dans l’autosuffisance. C’est pour moi l’occasion de découvrir sa manière de travailler et de réfléchir, un vrai enrichissement !

Votre enseignement porte sur l’écoute des vie fragmentées des plus précarisés et des vies finissantes. Pourquoi ?

La fragilité des vies nous recentre sur l’essentiel. Nous avons tous fait l’expérience pas facile d’aller voir un ami ou un proche en fin de vie. C’est une expérience qui relativise les petits soucis du quotidien, sans les effacer, elle les met à leur juste place et révèle l’essentiel. Avec les personnes en grande précarité, constamment menacées de basculer hors de notre monde commun, c’est la même chose. Elles sont menacées de “mort sociale”, et cela touche à une expérience de mort, non biologique mais sociale. Les rencontrer, les écouter nous recentre sur l’essentiel de nos existences et donc, pour nous les chrétiens, sur Dieu, source de la vie, celui qui nous appelle, celui qui nous sauve de tous nos travers et de nos impasses.

L’un de vos cours porte le titre : La parole des pauvres, un silence à entendre. Pourquoi parler de silence ?

Parce que leur voix reste souvent inaudible et que les personnes marquées par la grande pauvreté ont souvent beaucoup de mal à s’exprimer. L’écoute demande de tendre l’oreille. Je participe à une fraternité de « La Pierre d’angle » à Paris. Nous nous retrouvons avec des personnes marquées par la grande précarité. Une fois par mois, on lit ensemble l’Evangile, on prie ensemble, on échange les nouvelles, on mange ensemble aussi. C’est donc un lieu très riche de rencontres. Avec le temps, les personnes se connaissent bien, une confiance s’installe et les personnes s’expriment. Je suis très étonné de l’aisance avec laquelle elles s’adressent à Dieu, très souvent à partir des psaumes. Ces moments de partage sont riches, marqués parfois par des paroles déroutantes, mais toujours porteuses de sens, sur la foi, la vie ou l’Église.

Avec les facultés Loyola (Paris), nous avons commencé à aborder différents thèmes théologiques à l’écoute et à l’école des personnes très pauvres pour voir comment leur parole renouvelle notre vision de la théologie. Nous avons travaillé les questions de l’espérance, du salut, du pardon, la mémoire ou encore l’eucharistie. On découvre un autre regard.

Très souvent, les personnes marquées par la grande précarité sont hypersensibles aux relations, à la manière dont je regarde mon frère ou ma sœur et leur vision du salut par exemple est différente. Dans notre imaginaire de chrétiens, on pense le salut comme une sorte de repêchage individuel en fonction de que l’on a fait, alors que pour nombre de personnes pauvres la question du salut est indissociable des liens que nous avons les uns avec les autres, notamment avec ceux qu’on jugerait les moins dignes.

Que nous enseigne cette perception ?

Quand on y réfléchit, on retrouve une veine évangélique très forte ici à la lumière de la prédication de Jésus sur les « moins dignes ». Aux pharisiens qui refusent de voir que la Bonne nouvelle c’est d’abord pour les pêcheurs, il dit qu’ils qu’ils risquent de s’exclure du salut. Dans les paraboles de la miséricorde, de la brebis perdue ou du fils prodigue, il est question de miséricorde pour les pécheurs. Dès lors, cela interroge ma propre relation à Dieu : comment je regarde ceux que je considère comme moins dignes, alors que Dieu les place au premier plan ?

D’autre part, la parole des plus pauvres sur Dieu s’inscrit souvent dans une approche apocalyptique. Elle met en avant la liberté de Dieu qui peut tout changer. Cette vision contraste l’approche prophétique, plus consciente d’une histoire qui se déploie et dans laquelle nous avons une responsabilité. Le pauvre perçoit que la place qui lui est faite n’est pas juste, que ce n’est pas normal qu’il soit toujours rabroué, rejeté, mis à l’écart, il ne se perçoit pas comme un acteur de l’histoire et croit en un Dieu qui peut tout changer. La question sous-jacente – présente dans l’Apocalypse – est : jusqu’à quand tu vas nous laisser comme ça ?  

Les Eglises historiques bien installées ont du mal avec cette sensibilité apocalyptique, prête à bouleverser l’ordre existant en un clin d’œil. Mais si on oublie complètement la sensibilité apocalyptique est ce qu’on ne laisse pas de côté une grande part de la tradition chrétienne ?

Que cela nous dit-il de la réalité sociale et de nos relations ?

Je propose une hypothèse avec deux logiques en jeu : celle du « contrat-échange » et celle du « Parce que c’est toi ». Dans le premier modèle, la reconnaissance sociale de la personne passe par le travail et le calcul. Garante d’une certaine prévisibilité, cette logique ne s’intéresse pas au singulier et ne fait pas de place aux pauvres. Dans le second cas, la relation n’est mue que par le « Parce que c’est toi » et vise à retrouver la personne pour ce qu’elle est comme personne singulière. On expérimente la logique du « Parce que c’est toi » dans la relation amoureuse, dans les liens familiaux ou les amitiés, où il n’y a pas d’échange- calculé. Elle fait écho à l’alliance biblique.

Dans la société, les deux logiques sont inextricablement liées. Si la société pense tout en termes d’échange calculé, les relations se dessèchent. La logique du « Parce que c’est toi » en revanche, appelle à l’existence.

Est-ce qu’elle peut l’emporter ?

La relation d’Alliance est capable d’intégrer l’échange calculé, en le mettant à son service. De nombreux exemples nous l’indiquent : l’école pour les plus petits n’est pas un système d’échange calculé ni l’hôpital, une institution pour prendre soin des personnes, ou encore les initiatives pour les personnes en grande précarité.

Que peut apporter l’Église dans ce contexte ?

Je crois que la tradition chrétienne peut contribuer à la recherche de nouveaux équilibres, dans une société où la dérégulation semble s’imposer, où des règles chargées de protéger les plus faibles régressent alors que les plus forts deviennent de plus en plus puissants. Des projets comme « Territoires zéro chômeur de longue durée » en France montrent le chemin d’une autre logique, où l’alliance entre plusieurs acteurs de la société cherche des solutions à partir de la singularité des personnes au chômage et du principe que personne n’est inemployable. S’engager contre les injustices et œuvrer pour les plus faibles ne réduit pas l’Église à une ONG. Je perçois la rencontre avec les plus pauvres comme un rendez-vous avec le Christ. 

(Propos recueillis par Sba) – Entretien paru dans le Courrier pastoral – mars- avril-mai 2025

 

 

 

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