
Genève – Rome, le pèlerinage jubilaire des choristes de Saint-François
Jubilé des chorales – C’est un groupe d’une quinzaine de choristes de la paroisse Saint-François-de-Sales à Genève (Plainpalais) qui a décidé de rejoindre le jubilé des chorales à Rome les 22 et 23 novembre derniers pour vivre la démarche jubilaire et assister le dimanche à la messe du Pape sur la place Saint-Pierre.
Une initiative pour s’accorder
C’est Olivia, cheffe de chœur avec Constance, qui a entendu parler d’un rassemblement spécifique pour les chorales et qui a décidé d’organiser ce pèlerinage pour permettre à tous les choristes de vivre une expérience hors du commun. « Depuis qu’existe notre chorale, précise-t-elle, nous essayons chaque année de prévoir un temps fort. D’habitude c’est plutôt un week-end de formation de technique vocale avec un intervenant extérieur. Mais, comme nous n’étions jamais partis ensemble en voyage alors j’ai pensé que c’était l’occasion ». Aidée d’Anne-Sophie et d’Arachk, Olivia met toute son énergie dans ce projet.
Si des amitiés fortes existent dans le groupe, il y a aussi des choristes qui sont moins réguliers lors des répétitions et d’autres connaissances qui se greffent à cette initiative. Cependant, tous sont animés par le même souci du chant liturgique : « Notre vocation en tant que chœur liturgique c’est de soutenir la prière des fidèles : j’avais à cœur de construire le pèlerinage pour que chacun trouve sa place et se sente accueilli et qu’il puisse vivre une démarche authentique quelles que soient nos affinités ». Un souci constant pour cette passionnée de chant polyphonique qui reconnaît s’émerveiller de l’harmonie vocale : « nous chantons à quatre voix pour en créer une cinquième qui est l’unisson de nos voix. C’est important de vivre concrètement l’unité ».
Sous le patronage de Sainte-Cécile-de-Trastevere

Jubilé des chorales, le groupe visite -de-Trastevere ©Clotilde Margottin
Le 22 novembre, jour même de la Sainte Cécile, le chœur se rend dans le quartier populaire du Trastevere pour visiter l’église construite au Vème siècle sur la demeure de Sainte Cécile. « C’est notre sainte patronne, explique Olivia, c’était un incontournable pour moi de s’y recueillir ». Un aumônier prêtre de la paroisse Saint-Nicolas des Lorrains, qui connaît Rome comme sa poche, guide la petite équipe vers les trésors du lieu. Un moment de recueillement s’impose devant la dépouille en marbre de Cécile couchée… Le conférencier attire l’attention sur le coup porté à la nuque, les mains ligotées et les doigts positionnés comme les martyres : 3 doigts d’une main et l’index de l’autre pour témoigner de la foi chrétienne, un seul Dieu en trois personnes. La cheffe de chœur tenait à prendre un guide « pour ne pas manquer des explications précieuses dans les lieux si emblématiques et riches historiquement ». Au plafond, une splendide mosaïque surplombe l’autel : on y voit la sainte avec une main posée sur l’épaule de son voisin qui n’est autre que le pape de l’époque ! Celui-ci est d’ailleurs couronné d’une auréole carrée car il est encore vivant ! « J’ai beaucoup apprécié la présence de l’aumônier qui a parfaitement joué son rôle en s’effaçant tout en apportant des connaissances très intéressantes ».
Puis les pèlerins descendent dans la crypte aux colonnes fines pour profiter de l’acoustique… « On avait préparé avec soin un livret pour chacun avec des chants et des prières choisies : peu à peu nous faisions davantage corps et progressions ensemble dans la démarche jubilaire ». Avant de quitter les lieux, un détour s’impose vers l’immense fresque du Jugement dernier de Pietro Cavallini datant du 13eme siècle qui est si précieusement gardée.
Démarche jubilaire et messe avec le Pape
Direction place Saint-Pierre pour le passage de la Porte Sainte après un temps d’adoration et de confession : « C’était important de proposer aux choristes une démarche complète. D’ailleurs, confie Olivia, j’ai été très touchée par ce temps où nous avons chanté devant le Saint-Sacrement ».
La remontée de la place jusqu’à la Porte Sainte est accompagnée de cantiques en toutes langues, en particulier celui d’une jeune compositrice française, Anne-Sophie Rahm, « Nous voici, Eglise ». Les premiers versets sont : « Nous voici Eglise notre Mère, nous tes enfants, tes pauvres, ton trésor ». Il est entonné en polyphonie par les choristes genevois et attire l’attention autour d’eux.
« Dans ce cantique, la Vierge nous livre « son Fils, au milieu de nous » : je suis toujours bouleversée, confie Olivia, lorsque je chante « Jésus, au milieu de nous ». Un échange de partitions a même lieu avec le chœur voisin touché par la beauté du cantique grâce à une choriste qui n’hésite pas à déchirer sa partition de son livret pour le partager. « Quand on répète, j’insiste toujours pour que nous fassions attention aux paroles que nous proclamons. Le son est différent lorsque nous pensons ce que nous chantons. Nous méditons les textes ».
Messe sur la place Saint-Pierre

Détour par la Garde suisse ©Clotilde Margottin
Le lendemain la messe sur la place Saint-Pierre se déroule sous un ciel bleu azur ! « J’ai été très attentive aux paroles du Pape sur le chant liturgique. Il a parlé de cet art qui exige « préparation, fidélité, compréhension mutuelle et, surtout, une vie spirituelle profonde ». Léon XIV a rappelé combien le chant participait à la liturgie de l’Église et aidait le monde à prier. « La chorale est une petite famille de personnes différentes, unies par l’amour de la musique et le service rendu ».
Difficile de quitter Rome sans faire un détour par la Garde suisse où un jeune genevois Hubai en service à la garde accueille chaleureusement la chorale helvète.
Le pèlerinage s’achève mais les souvenirs seront précieusement gardés. « Tous les choristes ont trouvé leur place et ce voyage a renforcé nos liens, observe Olivia. Je suis dans l’action de grâce de constater l’effet d’unité que nous avons gouté crescendo. J’ai goûté les fruits de toutes les années à chanter ensemble quand j’ai vu la fluidité avec laquelle s’est déroulé ce week-end».
Une fois sur le sol genevois, les choristes, regonflés par cette parenthèse romaine, se retrouveront le lundi soir pour chauffer leurs voix jusqu’à l’unisson pour continuer de soutenir la prière des fidèles dans leur paroisse !
Textes et images Clotilde Margottin – Journaliste indépendante
Décembre 2025
