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Les enseignements de la pandémie avec Fr. M. Fontaine

Le coronavirus chamboule nos existences, marquées par le deuil, la maladie, la perte de nos repères, il secoue nos habitudes établies et nos relations. Ce que nous tenions pour acquis semble vaciller. Pour de nombreux catholiques, les limites en vigueur pour participer à la liturgie, aux sacrements et autres activités accentuent les sentiments de découragement et désorientation.

En interrogeant nos fonctionnements, la crise sanitaire dévoile nos vulnérabilités et peut devenir le moteur de changements importants et bénéfiques aussi pour l’Église et les fidèles. Nous en avons parlé avec le Fr. Michel Fontaine, dominicain, curé de la paroisse Saint-Paul (Cologny, Grange-Canal) et membre, notamment, de la commission de bioéthique de la Conférence des évêques de Suisse.

Que nous enseigne cette crise ?

La pandémie évoque chez moi l’image d’une bombe, et d’une bombe qui n’en finit pas d’exploser avec un impact et des conséquences qui eux aussi n’en finissent pas de nous toucher et de nous déstabiliser. Ils nous ébranlent profondément. Je me pose plusieurs questions : pourquoi nos sociétés si performantes sont-elles si démunies ? Qu’est-ce que cela révèle quant à la société humaine, mais aussi comme chrétien, de notre rapport à la foi et à l’Église ? Que nous renvoie-t-elle de nous-mêmes, mais aussi, ne l’oublions pas, de nos capacités à rebondir ? Et pourtant, ce n’est pas la première pandémie de notre humanité…

L’incertitude et la complexité

La crise que nous traversons met à nu nos fragilités, nos limites, nos peurs. Elle brise l’illusion d’une maîtrise sur tout ce qui est vivant. Elle réinterroge le mythe de la vérité scientifique, en l’occurrence ici bio-médicale, pour nous rappeler que toute vraie recherche scientifique se construit dans le doute, le débat, le questionnement, l’expérience et la temporalité.

Cette crise nous oblige en fait, à intégrer davantage une réalité que nos sociétés modernes ont du mal à gérer, celle de l’incertitude et de la complexité.

L’interdépendance du vivant

La crise nous rappelle aussi que le vivant dont nous faisons partie, ne grandit que dans une approche systémique de ses relations avec l’environnement et à quel point nous sommes tous interdépendants. Le Pape François nous l’a rappelé dans ses deux dernières Encycliques « Laudato si » et « Fratelli tutti ».

Mais peut-être est-elle surtout le révélateur d’un mal-être beaucoup plus profond de nos modes de fonctionnements et de notre rapport de pouvoir à la création.

Alors, oui, cette bombe sanitaire qui n’en finit pas d’exploser nous plonge dans l’urgence et nous agissons comme des pompiers, au plus pressé, au risque d’ajouter de la souffrance à la souffrance. Je pense à l’impact du confinement sur les personnes âgées et seules, l’impossibilité d’accompagner un être proche dans les derniers moments de sa vie… toutes situations qui mettent particulièrement en tension notre besoin vital d’affection, de proximité et le souci du Bien commun.

Nous sommes donc devant un questionnement fondamental sur notre manière de concevoir ensemble le vivant dans toutes ses dimensions.

Humilité et solidarité

Malgré tout cela, la crise actuelle apporte des enseignements. Elle nous rappelle non seulement l’humilité de notre origine, celle de cet humus duquel nous a été donnée la vie… mais nous invite aussi à porter un regard d’espérance en l’être humain capable de donner le meilleur de lui-même : je pense bien sûr à tous ces élans de solidarité, mais aussi à la réalisation en des temps aussi courts de vaccins et de thérapies toujours mieux ajustées.

C’est probablement la première grande leçon de cette crise bien plus que sanitaire : humilité, solidarité et compétence mises au service du Bien commun.

Cela peut paraître paradoxal… Non, cela illustre précisément l’identité profonde de notre humanité dans son ressort à avancer, quelle que soit la gravité des évènements qu’elle traverse. 

Et qu’en est-il de l’Église ?

Sur le fond, je ne ferai pas de distinction majeure, quant à ma réflexion, entre Société et Église. De par le mystère de l’Incarnation, tout chrétien est appelé à vivre sa foi dans le paysage social, économique, culturel et religieux dans lequel il vit.

Alors, oui, la pandémie a bousculé la pratique de la foi. Oui, la participation d’un nombre limité de personnes aux célébrations et les consignes sanitaires pèsent sur la pratique communautaire, malgré nos efforts. Oui, comme prêtre désigné « à risque » à cause de l’âge, je me suis trouvé en contradiction avec mon ministère de proximité, d’accompagnement, interdit de pouvoir l’exercer dans toutes ses dimensions. 

Pandémie et inventivité

Les paroisses ont fait preuve aussi d’inventivité. A Saint-Paul, comme ailleurs, pour ne refuser personne, nous organisons plus de messes et quand celles-ci ont été suspendues, nous les visionnons en ligne.

Tous ces ajustements illustrent nos capacités à rebondir, mais nous le savons, ces réponses ne nous satisfont pas.

Alors, les réflexions commencent à apparaître :

  • la pandémie a révélé la vulnérabilité d’une pratique de la foi trop axée sur le bâtiment église, sur les messes, les sacrements célébrés et sur une démographie presbytérale aux limites et qui s’essouffle depuis plusieurs années déjà.
  • Cette crise révèle aussi des problématiques ecclésiales présentes depuis longtemps en termes de fonctionnement, de besoins spirituels, d’approfondissement de la foi, de rapports prêtres-laïcs. En un mot la problématique du « pouvoir » sous toutes ses formes, tel un virus, constitue un véritable défi pour la Communauté ecclésiale.

L’Église comme la société civile est dans une démarche d’urgence, celle de remplir un vide, de compenser une absence… Cela n’est pas nouveau, mais la crise en révèle à sa manière, les contours, mais peut-être aussi des espaces nouveaux de décisions et de changements nécessaires… ouvrir de nouveaux chemins !

Oui, si ce vide nous ouvrait à quelque chose de positif ? Si ce vide venait nous rappeler que « là où deux ou trois sont réunis en mon nom… je suis avec eux » (Mt 18,20) pour retrouver le sens d’une communauté domestique. N’y a-t-il pas là à redécouvrir comme baptisés, que nous sommes acteurs, non consommateurs de notre vie de foi et avoir la simplicité de faire de nos maisons des lieux de prière, de célébrations, de rencontres… d’accueil. Cela se fait, je le sais… mais si peu et si peu de retour en paroisse.

Dire cela, c’est d’abord ne pas poser la question « qu’en est-il pour l’Église ? » comme si je l’externalisais. Nous sommes l’Église. Qu’en est-il donc pour nous ?

N’ayons pas peur de regarder notre réalité, riche de volonté, d’engagements, de recherche, de retour à une vie plus simple, fraternelle, retrouvant cette dynamique horizontale de l’Evangile. De nombreuses voix le rappellent depuis longtemps : tout baptisé à une mission comme « prêtre, prophète et roi ». Je le dis pour reconnaître tous ces élans de solidarité, de réflexions, de questionnement sur ce qu’est « être chrétien ».  

Oui, la pandémie comme tout événement qui déplace les priorités et qui touche à l’essentiel doit nous aider à questionner notre vie de chrétiens. La pandémie a donc un impact sur les chrétiens. Comment le rendre effectif ? Une démarche synodale ?

J’y vois un appel à travailler encore plus à la manière dont nous, chrétiens, nous rendons visible et crédible cette dynamique de l’Evangile. Comment développer des communautés de frères et sœurs qui vivent et partagent leurs expériences spirituelles, leurs doutes, leurs questions de foi et qui en célébrant la Parole et l’Eucharistie, s’accueillent et accueillent l’autre comme un frère, une sœur, dans la réalité de sa vie ?

L’Église est sacrement de la communion. Des chemins commencent à s’ouvrir : dans la pastorale de la famille, dans la culture ecclésiale, pour ne citer que deux priorités.

Comment l’Église peut-elle y contribuer ?

Parce que l’Église est sacrement de la communion, elle se doit d’être chemin d’Espérance… Chacune et chacun sont concernés.

Il est essentiel dans ce moment lourd et difficile, avec nos limites, nos fragilités, nos doutes, mais aussi notre passion, notre flamme, notre foi en l’être humain, de nous laisser porter par la Parole.

Ce passage de la Genèse m’est revenu (Gn 15, 2-6) en résonnance avec Paul (Rm 4, 18) lorsque Dieu nous fait comprendre, comme à Abraham, qu’il nous faut espérer contre toute espérance et que là où il n’y a plus lieu d’espérer, il y a précisément encore lieu d’espérer…

Oui, dans ce monde « opprimé par la pandémie », le pape a appelé à répondre par «la contagion de l’espérance ». C’est bien la réponse que nous essayons de faire, mais, comme je l’ai dit, nous avons à aller encore plus loin, car cet évènement est vraiment un lieu de révélation de ce que nous sommes capables de faire, de donner, de partager, d’accompagner, d’innover… Quelle joie de voir ces cadeaux arrivés dans la période de Noël, discrètement posés dans le nartex et disparaître librement au gré d’un besoin, d’un sourire. Tout cela et bien d’autres choses, sur l’initiative des paroisses et du Vicariat. La tendresse de Dieu s’exprime aussi de cette manière-là.

Plus que jamais, aujourd’hui les paroles de Paul nous accompagnent : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse… car quand je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Co 12,10). Ce n’est pas une exaltation de la faiblesse. Avec la Parole, nous savons que nous pouvons espérer au-delà de l’espérance, nous croyons à la grâce. N’ayons pas peur d’entrer dans cette démarche, c’est notre force. C’est celle de l’Église qui ne doit cesser de se convertir pour servir.

Crédit photo Gabriella Clare Marino 
SD&C, février 2021
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