PASTORALE DU MONDE DU TRAVAIL « JE SUIS LA MÉDUSE », LE THÉÂTRE AU SERVICE DE L’ESPÉRANCE
Vendredi 8 août 2025 au Cénacle, six femmes issues du réseau de la Pastorale du Monde du Travail (PMT) ont foulé la scène pour offrir un spectacle aussi court qu’intense : Je suis la Méduse. Vingt minutes d’un voyage théâtral, fruit d’un stage intensif de cinq jours. Un défi relevé avec force et engagement.
La Méduse, un miroir des luttes intérieures
Inspirée du texte Médée Kali de Laurent Gaudé, l’adaptation signée par le metteur en scène Michel Rossy a choisi de revisiter la figure de la Méduse. Avant d’être ce monstre au regard pétrifiant, elle fut une femme maltraitée, violentée, trahie. « On quitte la monstruosité pour retrouver la femme », explique Michel Rossy, qui a guidé les six comédiennes en herbe.
C’est l’heure. Les spectateurs prennent place au pied des marches devant le jardin du Cénacle. Le chaud soleil d’été décline. Des coups de tambour et un carillon résonnent.
Vêtues de noir, le regard figé vers l’horizon, les comédiennes lancent au public des phrases comme des flèches : » Regarde n’aie pas peur.
Tu te demandes quel monstre je suis ! C’est moi qui ai fait cela, approche… Tu as vu.
Regarde ! Je suis la Méduse ! « .
Tambour, flûte, carillon éolien et tambourin ponctuent le rythme, tandis que des chants polyphoniques sans paroles tissent une atmosphère envoûtante.
Du texte ancien à la parole libérée
Michel Rossy et Brigitte Mesot ©ECR
Si la PMT a opté pour le théâtre, ce n’est pas un hasard. Depuis plus de dix ans, Brigitte Mesot, responsable de la PMT, rêvait d’un tel projet : « Ce n’est pas de l’art-thérapie, mais du vrai théâtre, avec ses règles et son exigence. Cela permet de quitter les soucis du quotidien pour explorer ses propres talents », observe l’assistante pastorale.
La rencontre avec Michel Rossy, comédien formé à l’École Supérieure d’Art Dramatique et metteur en scène, a rendu cette idée possible. Arrivé récemment à la paroisse Saint-François, Michel raconte : « J’ai renoué avec mes origines catholiques, et j’ai trouvé à Saint-François un lieu riche en propositions. J’ai été professeur et j’ai beaucoup travaillé avec des jeunes au cycle d’orientation à Genève, animé des ateliers et des stages pour amateurs. J’avais envie de partager mon métier de comédien dans un cadre de fraternité et de camaraderie. »
Un projet pastoral et humain
La PMT, service de l’Église catholique romaine à Genève, accompagne celles et ceux qui traversent chômage, réorientation ou difficultés professionnelles. Son but : faire émerger du sens là où les épreuves pourraient décourager.
Ce spectacle est né de cette mission : offrir un espace où, au-delà des difficultés des parcours professionnels et du quotidien, la personne retrouve confiance. « Le théâtre permet de proposer rassemblement, partage, endurance… une forme de communion », précise Brigitte.
Michel souligne de n’être ni animateur culturel ni psy et il a travaillé sans connaître vraiment le parcours de chacune. « Nous ne disposions que de cinq jours pour les répétitions et avons choisi un texte court. J’ai proposé un cadre et une forme d’exigence. Même avec peu d’expérience, on peut aller très loin avec les personnes », souligne le metteur en scène.
Un objectif commun qui solidarise
Autour de cet objectif commun, les six comédiennes se sont engagées au-delà des espoirs. « On est la Méduse, on est un personnage. Il y a une transposition : je ne suis plus moi, je parle d’une femme qui se bat. Cela permet de se libérer des entraves intérieures », note Michel.
Pour Brigitte, le théâtre permet une dynamique entre individuel et collectif : « Chacune joue sa partition, mais au service de l’ensemble. On sait que les autres comptent sur nous. Ce spectacle est aussi le fruit d’une confiance mutuelle qui anime le groupe et qui s’est construite au fil du temps, par des accompagnements individuels, avec une notion d’amitié qui se met en route, quelque chose de l’ordre de l’Evangile », avance-t-elle.
En coulisse, Alex (Alexandra) est en renfort pour le maquillage. Elle est une des toutes premières à avoir franchi la porte de la PMT il y a dix ans. Elle a retrouvé un travail et semble épanouie.
Une expérience qui marque
Le public est conquis et applaudit sans retenue.
Au sortir de la représentation, les comédiennes, – Bénédicte, Nino, Gladys, Sandra, Brigitte, Natalia, Daïra – encore émues, confient :
— « Une expérience forte qui aide à s’ouvrir. »
— « Un défi de taille, et tout ça en cinq jours ! »
— « Je suis contente, j’ai appris beaucoup. »
Le flyer du spectacle présentait ainsi la pièce : « Où se loge alors la malédiction d’Athéna ? Serait-ce dans un cycle de représailles infernal qui empêche l’amour ? Ténèbres et lumière, le combat est bien là ! (…) Ce travail théâtral nous aura permis de nous rapprocher de cette figure mythique, de comprendre que ce que l’on nous a enseigné peut être reconsidéré (…) Par le théâtre, cette figure puissante d’une femme belle et/ou monstrueuse, terrorisante et/ou protectrice nous a rejoint.es ! »
D’autres projets
Lorsque nous traversons des difficultés professionnelles comme responsabilités épuisantes, mobbing, frustration, chômage, tracas administratifs, retour à l’emploi etc., nous entrons quelquefois dans un cercle vicieux qui peut nous couper de nos potentiels, nous déstabiliser en profondeur, ébranler notre foi…
« S’engager dans ce type de projet, c’est servir un texte (prochain projet en lien avec les Évangiles) en toute simplicité et s’ouvrir au désir de contacter nos talents dans un cadre bienveillant et nonjugeant. C’est retrouver une dynamique qui renouvelle force, confiance en Celui qui nous fait grâce de nos trésors intérieurs », explique la responsable de la PMT.
…si tenté par l’expérience, n’hésitez pas à contacter Brigitte !
SD&C-ECR, août 2025